Le site classé monument historique d’importance nationale est contemplé tous les jours loin à la ronde. Le bourg fortifié comprenant la basilique édifiée dès le XIIe siècle et les anciens bâtiments d’habitation des chanoines du chapitre de la cathédrale attire tous les regards.

Au cœur de l’édifice religieux qui abrite le plus vieil orgue jouable au monde, les visiteurs découvrent des éléments rarement conservés ailleurs, dont un jubé du XIIIe siècle et plusieurs peintures murales remarquables. Dans l’annexe occidentale de ce sanctuaire qui est encore en cours de restauration, une salle du trésor a été ouverte au public en 2015.

La porte qui mène au moulin est située dans l’angle sud-ouest de la nef dont la restauration s’achèvera en juin 2022. © Sacha Bittel

En dessous de cet espace muséal, une très ancienne porte en arc brisé intrigue les Valaisans et les vacanciers. Il suffit de la pousser pour pénétrer dans un petit couloir qui longe un espace cloisonné où se situaient étonnamment des réserves de céréales. Il mène à un moulin, une machine étonnante dans un tel lieu. Habituellement, cette mécanique qui transforme le grain en farine était montée à côté d’un cours d’eau.

Bientôt un demi-millénaire

Des analyses basées sur les séquences de croissance des cernes de bois ont été menées pour dater cette installation. L’histoire de la construction de ce moulin édifié vers 1535 se révèle très intéressante. En effet, un tel appareil de meunerie peut paraître incongru à cet emplacement auquel on n’accédait à l’époque que par la nef de l’église.

Les spécialistes mentionnent que cette situation s’explique par la fonction des lieux comme dernier refuge en cas de conflit.

De plus anciennes machines à moudre sont attestées par des archives. Il faut savoir qu’il y a plus de cinq siècles, Sion n’avait bien sûr pas le même visage.

A maintes reprises, la ville fut assiégée, conquise, pillée. Siège du pouvoir épiscopal de la région, la cité fut longtemps au centre des luttes et de guerres contre la Maison de Savoie et les familles aristocratiques.

Vivre sans apports extérieurs

Dans ce contexte, il fallait par conséquent pouvoir vivre en autarcie. Une citerne mentionnée déjà au XIV siècle est d’ailleurs également toujours visible près de la porte principale de l’église. Ce réservoir était alimenté par les eaux de toiture. Un puits permettait de s’approvisionner. Même des bacs à grains étaient installés sous la sacristie et n’étaient accessibles que depuis l’intérieur du lieu saint.

Mécanisme sans eau

Les historiens rappellent que de très nombreux moulins étaient exploités dans la région. Leur mécanisme était traditionnel, à savoir qu’ils étaient mus grâce à la force hydraulique: soit par un entraînement direct de la meule tournante liée au moyeu qui retient les pales horizontales, soit par une roue verticale qui donne le mouvement à la meule tournante horizontale par un système d’engrenage.

Le local dessiné par un chercheur bâlois, vers 1865, servait de dépôt à des objets qui n’étaient plus utilisés sur le site. La manivelle est très visible. © Bibliothèque publique et universitaire, Bâle. Emil Wick.

Le moulin de Valère fait partie de cette seconde typologie, à la différence qu’il était actionné par la force humaine.

C’est un double effet de surprise qui est réservé aux visiteurs.

Jean-Christophe Moret, guide de la basilique et archéologue

Son fonctionnement n’a jamais été documenté mais les tests effectués laissent à penser que deux personnes, voire une seule sur un court laps de temps, étaient nécessaires.

Un tel moulin à bras est extrêmement rare. Et son faible degré d’usure indiquerait qu’il a peu servi. On trouve uniquement quelques allusions à des réparations au fil du temps. Ce dispositif a été consolidé il y a quelques années mais n’a pas été restauré dans le but de le faire de nouveau fonctionner aujourd’hui. Il peut être contemplé en visite libre.

Une découverte appréciée

«C’est un double effet de surprise qui est réservé aux visiteurs», souligne Jean-Christophe Moret, guide de la basilique et archéologue. «Ceux-ci ne s’attendent pas à trouver un moulin sur une colline et à l’intérieur d’une église et ils sont très étonnés de découvrir qu’il fallait le mouvoir à la force des bras.»

A 615 mètres d’altitude, les familles lisent souvent avec beaucoup d’attention tous les panneaux explicatifs. Et prennent bon nombre de selfies devant ce témoin d’un lointain passé mais aussi à côté de la partie sommitale de la roche mère au sol pour se rappeler avec humour qu’ils ont fait l’ascension de Valère.

Son histoire

Début XIIe siècle Construction de la basilique dédiée à Notre-Dame.

XIIIe siècle Premier aménagement de l’annexe ouest.

XVe siècle Mention d’un moulin à cet emplacement.

Vers 1535 Construction du moulin actuel.

Fin XVIIIe siècle Les chanoines quittent Valère pour s’installer en ville.

2020 Réouverture de la salle du moulin.

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Le site historique de Sion et sa célèbre basilique ont subi une longue restauration. Visite de ce chantier extraordinaire qui s'achève avec ceux qui l'ont vécu.